De Jean-Michel Djian
Éditions Seuil - 19€
Nul doute que, en nos temps troublés, les idées d'Ivan Illich vont
prendre un nouveau relief. Il y eut deux avertissements solennels en
1970 pour dévoiler cette course folle entraînant l'humanité vers le pire
: le rapport Meadows sur la dégradation extérieure de la planète, et
celui d'Ivan Illich dénonçant la dégradation intérieure de notre
civilisation.
J'avais, moi-même, dans les années 70, été frappé par sa manière toute
nouvelle de transgresser les idées reçues sur l'école, l'hôpital, les
transports, pour mieux nous prévenir de leurs contre-effets, lesquels me
sont apparus de plus en plus avérés. Alors que la société industrielle
et consumériste avait trouvé son rythme, il fallait en effet quelque
audace pour prévenir des effets pervers de la croissance et du pillage
de la planète. On se souviendra aussi qu'on lui doit d'avoir prôné le
mot " convivialité ", si peu usité à l'époque. Ce n'est donc que justice
d'exhumer son œuvre et son destin en consacrant à Ivan Illich ce récit
biographique inédit.
J'en suis d'autant plus heureux que l'occasion m'avait été donnée de
permettre à mon ami Jean-Michel Djian, à l'époque rédacteur en chef du Monde de l'Éducation, de rencontrer l'auteur d'Une société sans école,
en 1999, à Cuernavaca. Ensemble, nous avions, cette année-là et pour
longtemps, créé le prix Le Monde de la recherche universitaire pour
justement sortir des sentiers battus de la pensée et primer des thèses
dépassant les clôtures disciplinaires.
Nous devons, en effet, comprendre une fois pour toutes qu'il nous faut
relier les savoirs et la connaissance pour penser une nouvelle voie, mais aussi abandonner le mythe de l'homme maître de son destin et de la nature pour, ensemble, l'explorer.
Biographie d'un gourou des années 60-70 à la forte personnalité dont les écrits ont beaucoup vieilli. Ce personnage a sans aucun doute marqué beaucoup de ses disciples dont certains ont fait des carrières littéraires ou politiques notamment en France. Si certains de ses écrits ont été prémonitoires sur les conséquences de la société de consommation, ses critiques sur l'éducation ou la santé paraissent obscures et à l'emporte pièce.