Constructions en pisé, terre coulée, bauge,
adobe, torchis ou bloc de terre comprimée, murs isolés en bottes de
paille ou terre-chanvre, charpentes en bambou, couvertures en roseau… «
TerraFibra architectures » dévoile les 40 bâtiments finalistes du
premier prix mondial des architectures contemporaines en terre crue et
fibres végétales. Coproduits par le Pavillon de l’Arsenal, amàco et Les
Grands Ateliers, l'exposition et l'ouvrage qui l'accompagne présentent
ces projets internationaux et expliquent, au travers d'un parcours
thématique, les qualités et avantages de ces matériaux et les
techniques, anciennes et innovantes, qui les mettent en œuvre.
Face
au défi climatique et à la nécessaire adaptation des systèmes
constructifs, l’utilisation de matériaux biosourcés et géosourcés offre
des solutions techniques vertueuses. Certaines sont éprouvées depuis des
siècles, d’autres s’inventent aujourd’hui. Allier terre et fibres
végétales valorise la mixité des matériaux et réaffirme l’importance de
l’intelligence constructive, qui vise à utiliser la juste quantité du
bon matériau au bon endroit. Souligner cette complémentarité de
matières, c’est aussi éviter l’écueil d’une filière centrée sur une
unique solution technique, modèle définitivement sans avenir et
particulièrement polluant.
L’exposition est organisée pour les fibres selon la plante utilisée
(chanvre, paille, roseau, bambou) et pour la terre crue selon les
techniques (pisé, terre coulée, bauge, adobe, bloc de terre comprimée,
torchis et enduit). Photographies, prototypes échelle 1, dessins
techniques et échantillons permettent aux visiteurs de toucher du doigt
ces matières abondantes, tout en admirant la créativité des
architectures présentées.
Premier prix mondial des architectures contemporaines en terre crue et
en fibres végétales, le TERRAFIBRA Award 2021 associe le TERRA Award
2016, prix mondial des architectures en terre crue, initié par Dominique
Gauzin-Müller et porté par amàco et CRAterre, et le FIBRA Award 2019,
prix mondial des architectures en fibres végétales organisé par amàco.
Plus de 300 équipes issues de 62 pays ont répondu à cet appel à
candidatures qui s’inscrit dans la dynamique des précédents, créant un
réseau de professionnels qui échangent et se soutiennent.
Au lendemain de la COP26, la manifestation « TerraFibra architectures »
confirme que des pratiques vertueuses existent à travers le monde dans
des contextes très variés. Enthousiastes, passionnés et généreux, les
acteurs de ces réalisations rendent crédible l’utilisation de matériaux
biosourcés et géosourcés, et mettent en exergue les aspects économiques,
sociaux et écologiques fondateurs de leurs projets et de leur
engagement. Ils démontrent qu’il est possible de bâtir autrement, en
s’appuyant sur des ressources et des savoir-faire locaux sans renoncer à
l’innovation. Ancrées dans leur territoire, ces architectures frugales
et créatives ouvrent de nouveaux horizons pour la construction et la
rénovation.
La beauté d'une ville, controverses esthétiques et transition écologique à Paris
Exposition présentée jusqu'au 27 février 2022 Le jardin éphémère a été démonté définitivement le 21 septembre 2021.
Qu’est-ce qui fait la beauté d’une ville ?
Son site, sa morphologie, ses bâtiments, ses jardins, ses matières, ses
sols ? Ses habitants, ses fragilités, son hospitalité, ses milieux, sa
mesure ? Comment se définit, en fonction des projets et des contraintes
de chaque siècle, l’ esthétique urbaine ? Quelles formes pour opérer la
transition climatique ?
À l’heure où la municipalité interroge l’ esthétique
de la capitale par la création d’un manifeste,
où l’administration élabore un nouveau règlement
urbain, mais aussi où les Parisiennes et les
Parisiens affirment leur volonté de participer
à ces débats, le Pavillon de l’Arsenal réunit,
depuis le début du deuxième confinement à
l’automne 2020, une cinquantaine d’architectes,
artistes, commissaires d’exposition, historiennes et
historiens, paysagistes, philosophes, sociologues,
urbanistes... pour tenter d’appréhender ce qui fait
la beauté de Paris.
Leurs analyses, rassemblées dans l’ouvrage
co-édité avec Wildproject, se croisent, se
répondent et éclairent les grandes controverses
qui ont rythmé la fabrication de Paris depuis les
prémices des disciplines urbaines. Les prises de
position emblématiques de Voltaire en faveur des embellissements (1749), de Rousseau dénonçant
« des rues sales et puantes, de vilaines maisons
noires », de Victor Hugo face aux démolisseurs
(1832), d’Émile Zola ou Jules Ferry à l’encontre
des travaux du préfet Haussmann (1867-1872)
ou des artistes le 14 février 1887 contre l’érection
de la tour Eiffel... ou plus proches, les prises
de position contre la transformation des Halles
(dès 1959), des voies rapides (1972), l’édification
d’immeubles tours (en particulier à partir de
1974), la place de l’art ou de la nature, l’espace
des nouvelles mobilités, l’intégration des nouvelles
technologies et ses appendices ou l’appropriation
des trottoirs... chacune révèle l’engouement
constant et singulier de toutes et tous pour débattre
de l’avenir de la ville et le caractère protéiforme
de la beauté.
La beauté englobe tout un ensemble de visions,
de règles, de techniques constructives et de pratiques
quotidiennes en évolution constante, que
l’exposition propose d’explorer, guidée par la voix de nos experts, au travers sept thèmes :
originellement le site, à Paris la Seine, creuset
des embellissements et du débat populaire
sur la transformation de la cité ; la morphologie,
équilibre entre composition urbaine et tissu
pittoresque, entre vieux et nouveau Paris ; le
paysage du piéton qui fabrique notre quotidien,
du trottoir aux squares, de l’affichage à l’art,
des rues aux espaces partagés ; quatrième
dimension, les architectures, leurs échelles suivant
les règlements successifs, ou encore la diversité
des couleurs et des matières qui donne leur valeur
composite aux façades parisiennes ; l’ expression
construite des externalités que l’ on ne veut pas
voir mais qui rendent la vie possible ; la place
du vivant, à redéfinir à l’ aune de la crise environnementale
; enfin l’ hospitalité, qui traduit la
capacité de la ville à accueillir, protéger mais
aussi à laisser la possibilité à toutes et tous de
s’ y reconnaître.
Autant de questions et d’histoires qui invitent les
visiteurs à parcourir Paris depuis le XVIIIe siècle,
un pied dans l’histoire l’autre engagé sur les chemins
de la transition écologique, pour continuer à
débattre au fil d’un un parcours scénographique
rythmé par une centaine de documents historiques,
de plans, de photographies, d’entretiens
vidéos réalisés par Océane Ragoucy et d’un
montage inédit de références cinématographiques
sur le piéton de Paris proposé par Stefan Cornic
et Stéphane Demoustier. L’exposition s’enroule
autour d’une prairie éphémère conçue par les
paysagistes de Wagon Landscaping. Cette
installation temporaire a une double ambition :
présenter les nombreuses espèces végétales de
la tradition horticole des jardins parisiens d’hier,
d’aujourd’hui et de demain dans toutes leurs
variétés, mais également apporter aménité et
fraîcheur dans le Pavillon de l’Arsenal.
La beauté d’une ville dépasse la seule dimension
esthétique. Elle est le langage commun de la
fabrication de la ville. C’est l’ambition de cette
manifestation collective d’explorer ce qui la
caractérise et en débattre, en invitant chacune
et chacun à participer à sa transformation.