De Christophe Guilly
Editions Flammarion - 19€ - 208 pages
À la une du New York Times habillés d'un gilet jaune, poursuivis par les
journalistes britanniques à l'occasion du Brexit, fêtés comme des héros
pendant la crise sanitaire, redevenus des sujets d'études pour les
chercheurs, de nouvelles cibles du marketing électoral pour les partis,
les gens ordinaires sont de retour.
Les « classes populaires », le « peuple », les « petites gens » sont
subitement passés de l'ombre à la lumière. Les « déplorables » sont
devenus des « héros ». Cette renaissance déborde désormais des cadres du
social et du politique pour atteindre le champ culturel.
De Hollywood aux rayons des librairies, la culture populaire gagne du
terrain. Ses valeurs traditionnelles, — l'attachement à un territoire et
à la nation, la solidarité et la préservation d'un capital culturel —
imprègnent tous les milieux populaires.
Jack London usait d'une métaphore pour décrire la société de son temps :
la cave et le rez-de-chaussée pour les plus modestes, le salon et les
étages supérieurs pour les autres. Et si, aujourd'hui, plus personne ne
voulait s'inviter au salon ? Sommes-nous entrés dans le temps des gens
ordinaires ?
Livre très intéressant qui donne un autre regard sur le phénomène des gilets jaunes en l'inscrivant dans la perspective de la crise des classes moyennes. Face au déclassement, à la paupérisation, à l'absence de mobilité sociale, à la désindustrialisation et à la médiocrité croissante des classes dirigeantes, les classes moyennes réagissent brutalement pour préserver leur mode de vie et leurs valeurs que la mondialisation a mis à mal alors qu'on leur avait promis des jours meilleurs.