dimanche, janvier 16, 2022

Pavillon de l'Arsenal

21, boulevard Morland, 75004 Paris

Trois expositions en cours, toutes très intéressantes :

  • L'empreinte d'un habitat
  • La beauté d'une ville
  • Terrafibra architectures

L'empreinte d'un habitat, construire léger et décarboné

Exposition présentée jusqu'au 27 février 2022
Philippe Rizzotti, architecte, commissaire scientifique

La quête de légèreté n’est pas nouvelle. L’ambition de réduire la quantité de matière débute il y a un siècle dans un contexte de pénurie de logements et de matériaux. Avec l’urgence de bâtir plus et l’obligation de consommer moins, quelques pionniers inventent d’autres architectures. Ils s’appellent Richard Buckminster Fuller, Charlotte Perriand, Pierre Jeanneret, Albert Frey, Lauwrence Kocher, Walter Gropius, Konrad Wachsmann, Jean Prouvé, Charles et Ray Eames, Makoto Masuzawa, Jorn Utzon... L’exposition « L’empreinte d'un habitat » analyse une trentaine de ces architectures expérimentales réalisées entre 1920 et 2020, qui témoignent de l’évolution de la construction légère dans les pays industrialisées.

Économie de moyen, rapidité de mise en œuvre, modularité, flexibilité et évolutivité… ces qualités inhérentes à la construction légère se conjuguent désormais avec les ambitions écologiques de frugalité : maîtrise du cycle de vie, autonomie énergétique et diminution des émissions de gaz à effet de serre. Conçues par Renzo Piano, Werner Sobek ou Shigeru Ban, de Paris à Tokyo, les architectures légères contemporaines explorent la modularité, la construction participative ou la miniaturisation. Elles se fondent sur la conviction que construire, en conscience, plus léger réclame moins de matière, utilise moins de ressource, produit moins de déchets, demande moins de temps de montage, nécessite moins d’espace, requiert de façon exponentielle moins d’énergie, réduit symétriquement l’empreinte carbone de la construction d’un habitat.

Cette étude menée sur une trentaine de projets internationaux révèle le potentiel et la diversité des systèmes constructifs développés. Elle témoigne de la capacité de ces architectures à s’adapter aux techniques et attentes de leur temps.  Chaque exploration relue dans son contexte historique à partir d’archives, de films, de maquettes, présentés dans l’exposition, reflète une démarche, une technique et un mode d’habiter. Redessiné et décomposé selon un protocole développé pour cette manifestation par l’agence Philippe Rizzotti Architecte et le laboratoire IBI de l’ETH Zürich, le corpus dévoile des correspondances, des qualités partagées. Cet inventaire permet de quantifier les constructions, comparer les matériaux, analyser les assemblages et classer tout ou partie pour faire émerger des logiques adaptables demain. 

Présentée chronologiquement autour de la maison 8x8 BCC « tout bois » - conçue par Jean Prouvé et Pierre Jeanneret et prêtée par la Galerie Patrick Seguin dont les éléments servent d’étalon, l’analyse offre aussi pour la première fois l’opportunité de mettre en regard l’estimation des masses, des composants, des systèmes constructifs des bâtiments et leur empreinte carbone, pour les comparer entre eux et aux constructions classiques. Les résultats édifiants tournent systématiquement à l’avantage des architectures légères. La masse moyenne au mètre carré des maisons présentées ne dépasse pas les 300 kg /m2 quand les pavillons actuels atteignent aisément 1200 kg /m2. Leur empreinte carbone moyenne corrigée est évaluée à 282 kg CO2.eq/m2, alors que l‘objectif de la nouvelle réglementation est de 640 kg CO2.eq/m2 avec l’ambition d’être limité à 415 CO2.eq/m2 à partir de 2031.

À l’heure où le bâtiment doit réduire sa consommation de ressources et face aux externalités négatives qu’il génère lors de sa fabrication, son allègement ouvre un formidable champ d’application rapide à mettre en œuvre, consolidé par une histoire connue, référencée et désormais analysée. La quête de légèreté paraît d’autant plus fondamentale que la transformation de nos processus de fabrication permettrait de réduire instantanément de 50% les émissions des nouvelles constructions avant même qu’elles soient habitées, tout en intégrant les objectifs de réduction de consommation énergétique et en offrant des gisements de matériaux pour l’avenir.
 

TerraFibra Architectures

Exposition présentée jusqu'au 27 février 2022 Commissaires scientifiques invitées : Dominique Gauzin-Müller, architecte-chercheuse, Anne Lambert, ingénieure, designer, amàco

Constructions en pisé, terre coulée, bauge, adobe, torchis ou bloc de terre comprimée, murs isolés en bottes de paille ou terre-chanvre, charpentes en bambou, couvertures en roseau… « TerraFibra architectures » dévoile les 40 bâtiments finalistes du premier prix mondial des architectures contemporaines en terre crue et fibres végétales. Coproduits par le Pavillon de l’Arsenal, amàco et Les Grands Ateliers, l'exposition et l'ouvrage qui l'accompagne présentent ces projets internationaux et expliquent, au travers d'un parcours thématique, les qualités et avantages de ces matériaux et les techniques, anciennes et innovantes, qui les mettent en œuvre.

Face au défi climatique et à la nécessaire adaptation des systèmes constructifs, l’utilisation de matériaux biosourcés et géosourcés offre des solutions techniques vertueuses. Certaines sont éprouvées depuis des siècles, d’autres s’inventent aujourd’hui. Allier terre et fibres végétales valorise la mixité des matériaux et réaffirme l’importance de l’intelligence constructive, qui vise à utiliser la juste quantité du bon matériau au bon endroit. Souligner cette complémentarité de matières, c’est aussi éviter l’écueil d’une filière centrée sur une unique solution technique, modèle définitivement sans avenir et particulièrement polluant.

L’exposition est organisée pour les fibres selon la plante utilisée (chanvre, paille, roseau, bambou) et pour la terre crue selon les techniques (pisé, terre coulée, bauge, adobe, bloc de terre comprimée, torchis et enduit). Photographies, prototypes échelle 1, dessins techniques et échantillons permettent aux visiteurs de toucher du doigt ces matières abondantes, tout en admirant la créativité des architectures présentées.

Premier prix mondial des architectures contemporaines en terre crue et en fibres végétales, le TERRAFIBRA Award 2021 associe le TERRA Award 2016, prix mondial des architectures en terre crue, initié par Dominique Gauzin-Müller et porté par amàco et CRAterre, et le FIBRA Award 2019, prix mondial des architectures en fibres végétales organisé par amàco. Plus de 300 équipes issues de 62 pays ont répondu à cet appel à candidatures qui s’inscrit dans la dynamique des précédents, créant un réseau de professionnels qui échangent et se soutiennent.

Au lendemain de la COP26, la manifestation « TerraFibra architectures » confirme que des pratiques vertueuses existent à travers le monde dans des contextes très variés. Enthousiastes, passionnés et généreux, les acteurs de ces réalisations rendent crédible l’utilisation de matériaux biosourcés et géosourcés, et mettent en exergue les aspects économiques, sociaux et écologiques fondateurs de leurs projets et de leur engagement. Ils démontrent qu’il est possible de bâtir autrement, en s’appuyant sur des ressources et des savoir-faire locaux sans renoncer à l’innovation. Ancrées dans leur territoire, ces architectures frugales et créatives ouvrent de nouveaux horizons pour la construction et la rénovation.
 

La beauté d'une ville, controverses esthétiques et transition écologique à Paris

Exposition présentée jusqu'au 27 février 2022 Le jardin éphémère a été démonté définitivement le 21 septembre 2021.

Qu’est-ce qui fait la beauté d’une ville ?

Son site, sa morphologie, ses bâtiments, ses jardins, ses matières, ses sols ? Ses habitants, ses fragilités, son hospitalité, ses milieux, sa mesure ? Comment se définit, en fonction des projets et des contraintes de chaque siècle, l’ esthétique urbaine ? Quelles formes pour opérer la transition climatique ?

À l’heure où la municipalité interroge l’ esthétique de la capitale par la création d’un manifeste, où l’administration élabore un nouveau règlement urbain, mais aussi où les Parisiennes et les Parisiens affirment leur volonté de participer à ces débats, le Pavillon de l’Arsenal réunit, depuis le début du deuxième confinement à l’automne 2020, une cinquantaine d’architectes, artistes, commissaires d’exposition, historiennes et historiens, paysagistes, philosophes, sociologues, urbanistes... pour tenter d’appréhender ce qui fait la beauté de Paris.

Leurs analyses, rassemblées dans l’ouvrage co-édité avec Wildproject, se croisent, se répondent et éclairent les grandes controverses qui ont rythmé la fabrication de Paris depuis les prémices des disciplines urbaines. Les prises de position emblématiques de Voltaire en faveur des embellissements (1749), de Rousseau dénonçant « des rues sales et puantes, de vilaines maisons noires », de Victor Hugo face aux démolisseurs (1832), d’Émile Zola ou Jules Ferry à l’encontre des travaux du préfet Haussmann (1867-1872) ou des artistes le 14 février 1887 contre l’érection de la tour Eiffel... ou plus proches, les prises de position contre la transformation des Halles (dès 1959), des voies rapides (1972), l’édification d’immeubles tours (en particulier à partir de 1974), la place de l’art ou de la nature, l’espace des nouvelles mobilités, l’intégration des nouvelles technologies et ses appendices ou l’appropriation des trottoirs... chacune révèle l’engouement constant et singulier de toutes et tous pour débattre de l’avenir de la ville et le caractère protéiforme de la beauté.

La beauté englobe tout un ensemble de visions, de règles, de techniques constructives et de pratiques quotidiennes en évolution constante, que l’exposition propose d’explorer, guidée par la voix de nos experts, au travers sept thèmes : originellement le site, à Paris la Seine, creuset des embellissements et du débat populaire sur la transformation de la cité ; la morphologie, équilibre entre composition urbaine et tissu pittoresque, entre vieux et nouveau Paris ; le paysage du piéton qui fabrique notre quotidien, du trottoir aux squares, de l’affichage à l’art, des rues aux espaces partagés ; quatrième dimension, les architectures, leurs échelles suivant les règlements successifs, ou encore la diversité des couleurs et des matières qui donne leur valeur composite aux façades parisiennes ; l’ expression construite des externalités que l’ on ne veut pas voir mais qui rendent la vie possible ; la place du vivant, à redéfinir à l’ aune de la crise environnementale ; enfin l’ hospitalité, qui traduit la capacité de la ville à accueillir, protéger mais aussi à laisser la possibilité à toutes et tous de s’ y reconnaître.

Autant de questions et d’histoires qui invitent les visiteurs à parcourir Paris depuis le XVIIIe siècle, un pied dans l’histoire l’autre engagé sur les chemins de la transition écologique, pour continuer à débattre au fil d’un un parcours scénographique rythmé par une centaine de documents historiques, de plans, de photographies, d’entretiens vidéos réalisés par Océane Ragoucy et d’un montage inédit de références cinématographiques sur le piéton de Paris proposé par Stefan Cornic et Stéphane Demoustier. L’exposition s’enroule autour d’une prairie éphémère conçue par les paysagistes de Wagon Landscaping. Cette installation temporaire a une double ambition : présenter les nombreuses espèces végétales de la tradition horticole des jardins parisiens d’hier, d’aujourd’hui et de demain dans toutes leurs variétés, mais également apporter aménité et fraîcheur dans le Pavillon de l’Arsenal.

La beauté d’une ville dépasse la seule dimension esthétique. Elle est le langage commun de la fabrication de la ville. C’est l’ambition de cette manifestation collective d’explorer ce qui la caractérise et en débattre, en invitant chacune et chacun à participer à sa transformation. 
 

 

Julie Manet, la mémoire impressionniste

Musée Marmottan du 19 octobre 2021 au 20 mars 2022 Le musée Marmottan Monet organise la première exposition jamais consacrée à Julie Manet,...