jeudi, septembre 06, 2007

Carnets de guerre

De Vassili Grossman
(textes choisis et présentés par Antony Beevor et Luba Vinogradova)
Editions Calmann-Lévy
22€

Ce livre est un recueil documenté des carnets de guerre de Vassili Grossman, correspondant de guerre du journal soviétique Krasnaïa Zvezda.

Du 5 août 1941 à la chute de Berlin, Grossman sera, au péril de sa vie, le témoin privilégié des défaites puis de la victoire finale de l’armée russe. Cette expérience sera la source de son chef d’œuvre « Vie et destin ».

Ses récits vécus des combats et de la vie des soldats rencontreront un vif succès auprès de la population et des troupes, malgré la censure. Son témoignage sur la bataille de Stalingrad reste incontournable dans sa description de la férocité des combats et du sacrifice des soldats de l’Armée rouge.

La reconquête du territoire russe lui fait ensuite prendre conscience, en Ukraine, de l’extermination des juifs par les allemands et leurs supplétifs locaux (il sera à l’origine du « Livre noir » qui sera notamment cité au procès de Nuremberg). De ce moment là, date une divergence fondamentale entre Grossman et le pouvoir soviétique. Staline refuse de distinguer les victimes juives des autres victimes mais surtout il veut cacher la complicité des slaves dans l’extermination des juifs. La plupart des rédacteurs du « Livre noir » seront assassinés après la guerre par le NKVD ; la notoriété de Grossman le protégera, néanmoins il mourra en 1964 dans la précarité (son chef d’œuvre « Vie et destin » ne sera publié qu’en 1980 mais en Occident).

Grossman sera également un des premiers à décrire l’enfer de Tréblinka où mourront 800 000 juifs. Il raconte également en détail la stratégie des Nazis qui a consisté à détruire systématiquement les preuves de cette extermination ; c’est d’ailleurs aujourd’hui sur cette absence de preuves physiques que les révisionnistes échafaudent leur théorie négationniste du génocide juif.

Enfin, Grossman est sans indulgence sur les pillages et les atrocités des troupes russes en Allemagne, notamment les viols à grande ampleur des femmes allemandes mais également des russes libérées des camps de concentration (écrits qu’il tiendra secrets). Il fait également un constat intéressant sur la surprise des soldats russes qui découvrent une Allemagne riche et qui ne comprennent pas les raisons de l’expansionniste nazi. Sur ce point Staline n’aura pas d’état d’âmes et préférera envoyer au goulag des centaines de milliers de prisonniers de retour des camps de concentration au prétexte de leur lâcheté devant l’ennemi, plutôt que de voir revenir dans leur foyer des témoins gênants de l’échec économique et social du communisme.

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